Grenade

On laisse Charlotteville et Tobago derrière nous dans le coeur de la nuit. Départ à 3h30, pour être sûr d’arriver de jour, et de ne pas laisser Astrid et Olivier en plan car la traversée fait près de 90 milles. Au final, on navigue au travers avec les alizés bien établis à 15-20 nds, et on se fait une belle moyenne à 8,5 nds. Bien plus tôt que prévu, à 14h, on entre dans Prickly Bay.

Le Sud de Grenade

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Le changement se fait sentir tout de suite. Le mouillage isolé dans la nature laisse place à des grandes baies offrant une excellente protection, et remplies de navires. Il y en a plusieurs centaines au mouillages et dans des petits marinas, aux pieds de résidences et propriétés privées. C’est un peu étrange, ces dernières ont envahi toute la côte, mais il n’y a pas de cœur ni de centre ville, tout est éparpillé et impose de se déplacer en voiture. Reste que nous sommes ravis d’apercevoir deux silhouettes qui s’agitent sur le quai et nous font

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de grands signes. Les amis sont déjà là, et ils nous ont repéré tout de suite ! Ca fait plaisir et on a plein de choses à se raconter.

Le lendemain, on va se faire engueuler par les douaniers en faisant la clearance d’entrée, car on n’avais pas le droit de recevoir des gens à bord avant d’avoir fait les papiers. Oui, bon, mais on allais pas les laisser dormir sur la plage. Même si les cocotiers sont chics et que devant les clubs privés le sable est ratissé au peigne fin. La petite crise passée et quelques 75 EC$ plus tard, on a les tampons sur les passeports. En fait, ça les faisait juste un peu marrer.

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Comme tout le sud de Grenade est une côte hyper découpée, on va se glisser dans l’unIMG_8891 des nombreux abris : “Clark’s court bay”. On croise une barque de pécheurs qui nous vendent une quantité scandaleuse de lobsters pour un prix très raisonnable. Et moi aussi j’en pèche un dans un petit récif à côté, malgré les eaux un peu troubles. Ok le mien était petit. Trop petit. Mais bon l’eau était trouble et… il faut bien commencer par quelque chose.

Toujours est-il que c’est Open Steak de langouste ce soir, pour l’anniversaire d’Olivier ! Et dans un mouillage tellement calme que la mer y est d’huile. Tout juste perturbée par la baignade vespérale de 4 jeunes filles descendues d’une grande maison blanche à l’élégant style colonial. De leur petit ponton privé, elle nagent vers nous, font le tour du bateau et repartent, sous l’œil… disons, attentif, de certains équipiers. Tous les mouillages ne sont pas comme ça, alors on apprécie ces moments de calme au coucher de soleil. Le vent faible nous permet de s’installer tous devant, dans le trampoline. Astrid & Olivier nous ont annoncé qu’ils attendent un bébé, et une fois les bougies soufflées la soirée se passe à regarder les étoiles. La vie est belle.

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Petite technique maison pour faire la mayo. Un fouet, une perceuse, un peu de gaffeur… Miam !

Murderer Bay !

Nous sommes donc 5 à bord (5 et demi en fait !) et il va nous falloir ravitailler. On se dirige donc vers St George, ville qui est construite autour de deux baies portuaires.

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Nous rentrons dans celle du sud, “Le Lagon”, et on est surpris de voir une immense marina à la place du mouillage espéré. Construite tout récemment, et assez chère ! (2,5$/feet) Je repère quand même un petit coin au NO, et m’approche. Un bonhomme débraillé m’indique en français un petit espace qui pourrais faire l’affaire : chouette, on n’avais pas envie de ressortir, ici c’est pratique pour aller en ville. Le mec est français, il vit avec sa copine et leur bébé de 6 mois dans un vieux mono de 55 pieds bien esquinté et en chantier de réparation… à flot. Il a du pain sur la planche, mais visiblement ce n’est pas le début, ni près d’être la fin. Mais ils sont bien, ils vivent au rythme des îles.

On trouve un grand supermarché, le Graal après ces semaines à Tobago, et on fait un plein de courses destiné à tenir 2-3 semaines. Petit ponton spécial pour garer son Zodiac au supermarché et y amener son caddie, s’il vous plait. Tellement pratique quand on transporte 100 litres d’eau! On finit la soirée dans le calme absolu du lagon.

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 Tamouré dans un petit mouchoir de poche sur le bord du “lagon”

3h du matin, il y a du bruit. Ca crie dehors. Je les entends s’approcher, et même résonner sous le bateau. Et d’un coup, je sens le bateau qui bouge, comme si quelqu’un montait dessus. Un bateau c’est sensible, et quand on l’habite, on connais ses bruits et ses mouvements. Là il y a un truc pas normal. Je me lève, suivi par Silviya, et je me dirige tout de suite vers la salle de bain toute proche, ou nous avons laissé les trappes d’évacuation d’urgence ouvertes pour l’aération. Elles sont très basses sur l’eau, et donnent entre les deux coques. Là, surprise ! Dans la pénombre que n’éclairci qu’un rayon de lumière orange d’un lointain lampadaire, une ombre surgit. Il y a un mec en train de rentrer. Je l’engeule d’un coup: “What the fuck are you doing here!!” Silviya reprends en coeur un juron encore plus fort. Mais le mec a déja laché prise sous le coup de la surprise, et s’est rejeté dans l’eau en criant “Help Help”!

Je ne comprends pas là… je suis content qu’il soit parti, mais un supposé voleur qui crie à l’aide ? Déjà, tout le monde est sur le pont. Gaétan, Astrid et Olivier s’étaient réveillés en même temps. On se dit tout de suite qu’on est pas passé loin d’une situation délicate, car si le mec était rentré, ça aurait pu mal se passer : on venait de réparer la porte d’entrée, avec le système de blocage, et il aurait eu du mal à s’enfuir s’il s’était retrouvé entre nous. Mais pas le temps d’y penser, car voila un mec qui déboule avec son annexe en bois. Un gars du coin, on dirait, et il fonce vers le fugitif en essayant de lui mettre des grand coups de machette. Putain, il est fou ce mec, il va le buter ! Je le vois passer sa marche arrière et foncer avec l’hélice sur le type dans l’eau. Tout le monde lui crie de s’arrêter et de se clamer, Gaétan appelle la police “911″. Le nageur hurle “Murderer, Murderer! Help!” Mais ce sera finalement le moteur qui lui fera grâce en tombant en panne d’essence. Ouf, on n’avais pas envie que ca tourne plus mal.

On ne comprends plus trop qui est le méchant dans cette histoire, mais c’est en fait un Grenadien voisin qui vit sur son bateau qui s’était mis en tête de faire justice lui même. Le nageur avais visiblement fracturé et volé dans un minivan taxi du coin, et cherché refuge sur un bateau car il était pourchassé par d’autre “Machete” en herbe. Vu l’excitation du voisin, ça nous prends 5 minutes de comprendre, et le voleur est parti. Il insiste quand même pour qu’on aille le chercher avec notre annexe, ce qu’on fera après lui avoir fait poser son coupe coupe.

On ne le trouvera pas et la police ne sera même pas venue, mais on apprendra au petit matin que c’est sur le bateau du français qu’il avait trouvé refuge pour le reste de la nuit, sous une bâche, et qu’il l’aura quitté à l’aube en volant quelques dollars, un téléphone et après avoir mangé toutes leur régime de bananes (?). Quelle drôle de nuit. Pas très agréable il faut le dire, mais ca nous laissera un sacré souvenir. Murderer bay!

La ballade en ville le lendemain sera beaucoup plus sympa. La ville est colorée, et la ballade agréable le long des quais malgré le trafic et l’absence de trottoirs. Mission habituelle de carte Sim et petit tour au shipshandler pour des pièces. La deuxième nuit sur place sera calme, avec tous les grands hublots bien fermés ! Par contre, le voisin nous regarde toujours du coin de l’œil. Un sacré numéro, qui prends sa douche d’eau de mer à poil dans son annexe à la nuit tombante, en gueulant à sa femme toutes sortes de vulgarités en guise de préliminaires à la parade nuptiale. Chacun son truc.

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17h, c’est point projet ! Daily Scrum façon Carib !

Cariacou 

On laisse la capitale derrière nous sans regrets pour aller dans les Grenadines de Grenade, les îles juste au Nord. On s’arrête à Tyrell Bay après 8h de nav au près/bon plein. L’arrivée à 18h nous permettra de pécher 2 beaux thons germon de 2kg, car c’est à partir de 17h qu’ils commencent à chasser. Les moulinets partent ensemble d’un coup, et on relève nos prises en simultané avec Gaétan. Ce soir ca va être tartare !

Le lendemain, on se balade sur “Sandy Island” toute proche, un petit îlot, ou plutôt un long banc de sable  tout en longueur. C’est vraiment très joli. On commence à sentir ces Caraibes de cartes postales, avec l’eau claire et pleine de poissons colorés.

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On passe la journée suivante à Hillsborough, la ville principale de Cariacou, pour faire les formalités de sortie de Grenade. A partir de là, on sera dans les Grenadines de Saint Vincent. On change de pays tout le temps ici ! Mais la formalité est rapide, et on se fait un déjeuner agréable dans un restaurant coloré de bord de mer où l’on mange des beignets de Lambi.

Officiellement, nous quittons Grenade pour aller à Union, la première île de Saint Vincent ou l’on pourra faire la clearance d’entrée, mais nous prenons encore quelques libertés avec les frontières et allons mouiller le soir à “Petit Saint Vincent” après quelques bords de près, pour éviter un aller-retour. Pas vu, pas pris !

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