Cyclades du Sud

Les Cyclades, j’en ai le souvenir d’une croisière faite il y a quelques années. Silviya, les parents et Maylis, qui composent le reste de l’équipage, étaient aussi là à l’époque. C’était un mois d’Août agréable et ensoleillé, dans les cyclades du Nord, mais où le célèbre Meltem avait soufflé deux semaines durant. Le Meltem, les navigateurs en parlent beaucoup, car c’est un vent fort qui s’établit une bonne partie de l’été, en levant une mer parfois très forte et qui rends toute remontée vers le Nord difficile et pénible. Le reste de l’année, c’est le Metlem (avec le T avant le L), qui souffle du Sud vers le Nord, un peu moins violemment tout de même. Bref, pour naviguer dans cette zone, selon la destination, il faut soit choisir quand on part, soit sortir le ciré intégral.

Avec Tamouré, nous sommes déja bien avancés dans l’été, donc nous ne pourrons pas rester très longtemps dans le Dodécanèse d’où l’on part. Nous choisissons un itinéraire passant vers le Sud, qui promet d’être le plus adapté à un vent de Nord constant, et qui nous fera ensuite passer par le sud du Péloponaise. Et nous ne traînerons pas dans les étapes, pour tenir le programme qui nous amène à temps dans les Iles Ioniennes retrouver Arnaud et Mallorie, en Sardaigne voir les amis, et en France avant d’avancer trop dans l’hiver. Le carnet de bord ci-dessous est donc plutôt centré sur la navigation pour l’instant.

LEVITA

Anse Sud de LevitaAprès quelques heures de près avec une mer assez serrée, nous savons que nous n’atteindrons pas Amorgos d’un trait. Nous sommes partis un peu tard, et le vent refuse. Plan B, donc, et direction “Nisis” (l’île) Levita. Une petite crique au sud offre une protection parfaite du meltem. Elle est un peu étroite, et quelques autres bateaux y sont également. Les quelques occupants de l’île ont donc préparé des corps-morts bien pratiques et qu’ils ne font payer que quelques euros : nous nous laissons tenter. Nous partons en balade avec le soleil de fin d’après-midi, et découvrons une île un peu désertique, couverte d’herbes hautes et de pierres. Les habitants, en dehors de quelques chèvres, semblent n’être qu’une même famille qui vit au bout de l’unique sentier, et tient un petit restaurant ou les navigateurs se retrouvent. Mais pour nous, ce sera apéro à bord du cata.

Levita, balade

IOS

Amorgos falaisesNous prenons un cap direct vers Ios cette fois, car nous pouvons dépasser Amorgos sans problème en partant de bonne heure. Nous longeons Kinaros par 25 nds, avec un ris, le bateau marche bien. En passant sous le vent d’Amorgos, par contre, nous subissons de bonnes rafales liées au relief de l’île, puis des déventes pour la même raison. Le seul point positif quand on passe sous le vent d’une île, c’est de naviguer dans une mer plus plate. Ca n’est pas forcément la meilleure option si l’on souhaite un vent régulier, par contre. On enchaine les manoeuvres de prise de ris et de renvoi de toile. Ça nous fait prendre le bateau en main ! Effort salué par un petit groupe de dauphins que l’on croise au sud d’Amorgos. C’est toujours un moment magique !

Nous mouillons au sud de l’île, dans une grande baie ou le plan d’eau est calme mais où les rafales descendent. Vu qu’on a de la place, on hésite pas à mettre une copieuse distance de chaîne dans l’eau ! On se baigne un peu, mais avec ce vent, on est assez peu motivés pour se balader après une longue journée en mer. Un peu de dessin peut-être ?

Carnet de dessin

SIKINOS

Nous partons en début d’après-midi, sous des rafales qui persistent autour de 35nds, avec 3 ris et une bonne partie du génois roulé. Ce n’est qu’une fois écartés de l’île que nous pourrons exposer nos mètres carrés de voile pour ce nouveau bord de près. A l’approche de Sikinos, même effet de relief, rafales à 38, prise de ris ! Nous mouillons en début de soirée à Ormos Skala, devant une jolie plage de sable fin. Le vent tombe dans la soirée.

Sikinos, Ormos Skala

Tout le village est concentré autour d’une petite rue principale : une trentaine de maisons blanches ou en pierre nue, superposées au bord de l’eau, un petit quai et des bateaux de pêche, des tamarys le long de la plage. L’endroit est charmant et esseulé. Un petit bus semble faire le trajet pour la ville de Kastron dans les hauteurs. Après un petit tour des lieux, nous faisons quelques courses au supermarché, dont la traditionnelle bouteille d’ouzo.

PLOYAIGOS

La météo est constante, le meltem nous mange toujours à la sauce beaufort force 4 à 6, avec des rafales à 7 près des îles. Le passage près des côtes acores et découpées à l’ouest de Sikinos semble un peu étroit, et la mer s’y lève un peu plus avec le rebond de la houle. On appuie un peu les voiles avec le moteur pour passer en confiance. Le vent adonne et la mer s’aplatit vers Folegandros, le bateau accélère ! Nous avons encore le plaisir de voir des dauphins pendant la traversée.

Le mouillage se fera contre la petite île de Manolosisi, près du banc de sable. L’eau est cristalline, le fond de sable blanc. Baignade obligée.

MILOS

Milos, dernière étape avant de boucler notre traversée de la mer Ionienne, n’est plus qu’a un pas. Un petit bord de près pour l’entrée de l’île, qui forme un petit lac intérieur calme, puis une entrée au grand largue, et nous nous amarrons au quai de la ville. En Grèce, la majorité des quais sont publics et gratuits. L’eau et l’électricité ne le sont pas (et ne sont pas toujours disponibles), mais sont en général très peu cher. Rien à voir avec le reste de l’europe ou le moindre petit morceau de quai est facturé au prix d’un hôtel 5 étoiles ! Alors pas de chichi, on se repère une place, on jette son ancre devant le quai, et on recule amarrer.  Il faut simplement faire attention à celles des voisins, mais là il n’y a pas foule. C’est toujours un petit plaisir de sortir la passerelle et de pouvoir être à terre d’un seul pas. Sur le quai, on retrouve les ambiances, les enfants qui plongent du quai, les pécheurs qui causent…

Quai de Milos

On nettoie le bateau, on fait des courses alimentaires et quelques investissement dans du matériel de pêche. Et une petite balade pour (re)découvrir la ville. Le lendemain, nous devons être prêts pour une plus grande traversée qui doit nous ramener jusqu’au contient, sur le Péloponnèse !

TRAVERSEE VERS LE PELOPONAISE

Le vent est toujours de la partie pour boucler cette traversée de la mer Ionienne, première mer que nous aurons franchie avec Tamouré. Les vagues viennent du Nord, sur notre travers, et le vent souffe entre 25 et 30 noeuds avec des rafales à 35.

Cargo vers Maleas

Passage du cap Maleas à 15h, ou nous croisons des Cargos en route pour Athènes ou le Bosphore. ”Si tu passes Maleas, oublie ton pays“, dit le dicton Grec. Nous, nous commençons effectivement à oublier la grisaille parisienne, et devant nous, la mer s’applatit et le vent se calme.

Le baromètre remonte est promet de la clémence pour la suite, mais ce sera un petit grain qui nous accueille en fin d’après-midi à Elafonisos. A suivre !

 

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